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SERENDIPITY

Reason to believe* : sur Galveston de Nic Pizzolatto - une lecture critique de Stéphane

15 Septembre 2011, 22:15pm

Publié par Seren Dipity

Ça aurait pu être une chanson tirée de Nebraska, l'album de Springsteen que les pseudo-intellos branchouillards aiment aimer. Une histoire de laissés-pour-compte, un road book qui commence dans la violence et finit dans un déluge purificateur et salvateur. galveston.jpg

Pour une sale journée, c'est une sale journée pour Roy Cody, homme de main, brute épaisse vieillissante. On vient de lui annoncer un cancer des poumons, sa gonzesse l'a planté pour son patron, et ce dernier vient de lui confier une mission qui ressemble fort à un guet-apens.

Prudent et chanceux il se sort du traquenard en laissant plusieurs cadavres. Il emmène avec lui l'autre rescapée de la tuerie, Rocky, une jeune prostituée. Mettre le plus de kilomètres possibles entre lui et son ancien patron est leur seule chance...

Ils ramassent la petite soeur de Rocky sur le chemin et finissent par   "[...] atterir à Galveston le temps de reprendre leur souffle"  comme dit Franzen dans Freedom. Ça durera vingt ans.

Nic Pizzolatto signe un premier roman qui tient à la fois du roman noir musclé et de la balade tranquille entre grands espaces et motels pour paumés. On imagine bien Ry Cooder à la BO, façon Paris-Texas, avec des slides ronronnant.

La quatrième de couv' évoque, sans complexe, Richard Ford. C'est traduit par Pierre Furlan (traducteur de Russell Banks, Thomas Savage, Larry Brown, Denis Johnson, Don DeLillo et Paul Auster**). Autant d'éléments qui donnent forcément envie, hein?

Le roman est à l'image de la couverture (sensiblement la même que les éditions US) : inquiétant et magnifique, chargé de promesses comme cette route qui file, sans fin, et pourtant écrasé par un ciel de plomb comme les balles qui sifflent et les poumons encrassés.

 

Ça débute comme ça :

"Un médecin a pris des photos de mes poumons. Ils étaient pleins de rafales de neige.

Quand je suis sorti du cabinet, les gens dans la salle d'attente ont tous paru soulagés de ne pas être à ma place. Il y a des trucs qu'on peut lire sur les visages."

Dialogues secs, personnages crédibles et attachants, écriture tout en retenue et tension - tout est là. Une des très belles découvertes de cette rentrée étrangère. A ne pas rater pour pouvoir dire, dans dix ans, (à vos amis  pseudo-intellos branchouillards) :  je l'ai découvert avec son premier roman, Galveston ...

"Des gus comme eux, j'en avais connu toute ma vie, des abrutis de bouseux englués dans un ressentiment permanent. Ils torturent de petits animaux, puis, une fois adultes, battent leurs gosses à coups de ceinture, démolissent leur pick-up en conduisant bourrés, trouvent Jésus à l'âge de quarante ans, et se mettent alors à fréquenter l'église et les putes."

 

Signé Stéphane.

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* Springsteen, Reason to believe, Nebraska - 1982.

"Struck me kinda funny, seem kinda funny sir to me
Still at the end of every hard day people find some reason to believe "

** Pour le premier, Trilogie New-Yorkaise, et le dernier, Sunset Park - dont on reparlera bientôt.

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