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SERENDIPITY

Oiseaux de nuit chez Max... Mad Max : sur Joueur_1 de Douglas Coupland - une lecture critique de Stéphane

7 Octobre 2011, 14:23pm

Publié par Seren Dipity

Vous connaissez tous le tableau de Hopper : Nighthawks/Oiseaux de nuitTom-Waits-Nighthawks-at-the-Diner-1990-FLAC avec ces personnages coincés dans un bar, sans porte. Vous connaissez aussi, peut-être, la trilogie Mad Max avec le jeune Mel Gibson  paumé dans un monde post-apocalyptique où l'essence vaut de l'or. Vous connaissez aussi, peut-être, si vous avez vraiment des goûts musicaux dignes d'intérêt, ce merveilleux album de Tom Waits, Nighthawks at the dinner (autre nom du tableau de Hopper) et cette phrase "There's a rendezvous of strangers...", bande originale/sous-titre de Joueur_1 *.

coupland-joueur-1.jpgVoilà, je pensais à tout ça en lisant le dernier Douglas Coupland, Joueur_1 Ce qu'il adviendra de nous, sorti en septembre aux excellentes éditions Au Diable Vauvert.

J'avais adoré son précédent roman, JPod (son meilleur roman depuis Toutes les familles sont psychotiques - tout ça publié Au Diable - voir ici) alors j'attendais le nouveau comme mes filles attendent la prochaine saison de Glee (eh oui, on a la musique dans le sang!) et je dois bien avouer que, même si je suis allé au bout, je n'ai pas été emballé par l'ensemble. Le roman est composé de cinq parties, correspondant aux cinq heures de l'histoire elle-même, en temps réel. Coupland répondait à une invitation des  Massey Lectures (et c'est d'ailleurs, une nouvelle fois, sous une forme hybride que j'ai lu ce roman : écoute + lecture - mais bon, Coupland est écrivain, pas acteur ni lecteur...)

L'alternance des points de vue est intéressante, tout comme l'idée de départ (5 personnages se retrouvent coincés dans un bar d'aéroport** alors que les cours du pétrole s'envole et que le monde se rapproche dangereusement de sa fin) mais les discussions autour du temps, de Dieu et de la personalité profonde de chacun m'ont un peu gonflé...

Malgré tout, d'excellents moments où l'humour se partage la vedette avec les références culturelles et le monde d'aujourd'hui (du Coupland quoi!):

" 'L'histoire se souvient seulement de ceux qui inventent de nouvelles coiffures, comme Jules César, Einstein, Hitler, Marylin Monroe, tu vois? Pourquoi se casser la tête pour conquérir l'Europe ou découvrir la science nucléaire quant tout ce dont on a besoin, c'est d'un peu d'innovation en style? Si marie Curie avait pris soin d'elle un peu plus, elle serait sur les billets de dix dollars.

- Brillant.' "

"Warren sort du bar et observe la boule de feu. [...]

- Saint Ciboire de merde!

Rachel se demande pourquoi les gens invoquent à la fois la religion et les excréments en situation de  désastre extrême. Des appuie-livres pour situer les deux pôles de la condition humaine?"

Le monde d'après le 11 septembre, c'est ça. Un monde où l'entropie règne sur nos vies.

"Le monde entier s'est transformé en World Trade Center. Il ne sera plus jamais normal et cela sera en soi la nouvelle normalité."

Ca débute comme ça :

"Première heure / Fondu enchaîné sur le zeppelin en flammes

Karen.

Karen aime faire des mots croisés parce que le temps passe plus vite. "

 

La traduction est assurée par Rachel Martinez.

 

Signé Stéphane.

_____________

* Et que penser de la référence aux aliments moisis dans le frigo de la première page avec la (même) blague de Tom Waits dans l'intro de Nighthawks? Etrange coïncidence, non? "L'opposé de la coïncidence est l'entropie. L'entropie, c'est la paresse. " dixit Coupland dans Player_1.

** "Un aéroport n'est même pas un vrai lieu. C'est une escale, une zone entre-deux, un 'non-lieu', un détail technique. Une intrusion réticente dans le rêve sans heurts d'un vol transcontinental en jet. Les aéroports sont des lieux où l'on va juste après la mort et juste avant d'être expédié vers l'endroit où l'on doit aller ensuite."

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