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SERENDIPITY

ONCE UPON A TIME IN THE WEST (Sur FUCK AMERICA)

9 Juillet 2009, 12:41pm

Publié par Seren Dipity

Bonjour à vous tous !

Puisque j’ai la parole ici, j’en profite pour vous parler de ces livres qui font exception, qui sortent des rangs et ne demandent qu’une chose : être défendus !

Il y en a un dont je parle beaucoup depuis le début de l’année et à tout le monde, c’est :

FUCK AMERICA

D’Edgar Hilsenrath, publié chez la toute nouvelle maison d’édition Attila.

(Traduction de Jörg Stickan. Couverture de Henning Wagenbreth)

 


 

 

Tout d’abord, un livre au titre étonnant, accrocheur.

Ensuite, une couverture colorée, surprenante, design : très originale pour l’édition française.

Sur la quatrième couverture, on peut lire : « Dans la lignée de Fante, Roth, et Bukowski, Fuck America est un témoignage étourdissant sur l’écrivain immigré crève-la-faim. ».

Enfin, on feuillette le livre et on découvre une mise en page vraiment soignée, sur un papier de qualité et avec une typographie originale, très libre. Voilà pour la forme.

Suit donc le fond :

Né en Allemagne en 1926, Edgar Hilsenrath a survécu à la Shoah avant d’immigrer aux Etats-Unis.

 

Assez proche de l’auteur, le narrateur s’appelle Jakob Bronsky, nouvellement arrivé sur le sol américain après avoir survécu à l’extermination juive. Sans le sou, il commence à écrire son premier roman (autobiographique) : Le Branleur ! Malheureusement,  il ne souvient plus du tout de ce qu’il a vécu dans le ghetto, et n’arrive donc que difficilement à écrire son livre.

Fuck America est un portrait de l’artiste en exilé. Sans souvenirs précis, il se raccroche comme il peut à sa langue.  Une vie de crève-la-faim donc, ponctuée de jobs miteux, de rencontres plus ou moins sympathiques mais toujours burlesques, de fantasmes à gogo… Sa solitude, son imagination et son exubérance font de Jakob Bronsky un personnage touchant et haut-en couleur, à la Fante, ou Bukowski.

 D’une écriture légère et énergique, E. Hilsenrath le met en scène grâce à une multitude de dialogues géniaux et un humour décapant.

Mais le coup de maître de Mr. Hilsenrath, c’est d’inclure dans ce roman lumineux une réflexion sur la Shoah ainsi qu’une satire du rêve américain. En effet, on rit beaucoup durant cette lecture mais ce n’est pas tout : une fois le livre refermé, le lecteur ressent une pesanteur, se souvenant que des passages lui ont quand même « remué les tripes » comme je dis… Et c’est ce qui fait un bon roman (à mon avis bien sûr).

Un livre donc hors du commun, dont les apparences truculentes se mêlent à une verve dense et profonde.

Et pour vous donner une idée plus précise de ce roman génial, voilà un extrait, pris par hasard mais qui représente très bien le train-train de Jakob bronsky, et surtout le ton du bouquin :

« « Ecoute-moi bien », j’ai dit à ma bite.

« On va parler tous les deux. Sérieusement. Puisque nous sommes entre nous. Je sais que tu as envie de faire la fête aujourd’hui, parce que nous avons terminé le CHAPITRE CINQ. Nous y sommes arrivés. Nous avons sué sang et eau. Pour dire vite : tous les deux, nous méritons une bonne baise. Mais à quoi bon. Ton seigneur et maître n’a même plus dix cents en poche. Oublie ça. Détends-toi. Endors-toi. Moi aussi. Je vais essayer de dormir un peu, car cet après-midi il va me falloir un putain de job. » »

 

J’espère vous avoir convaincu de le lire !

Bonnes lectures !

 

Lig.

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Un beau livre pour une belle claque! Je suis bien d'accord, il faut défendre ces titres vers lesquels le lecteur ne se tourne pas naturellement, surtout quant ils émanent de petites maisons attachées à la qualité (du livre et de l'objet-livre). Cependant, Fuck America n'est pas évident à conseiller.
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Un beau livre pour une belle claque! Je suis bien d'accord, il faut défendre ces titres vers lesquels le lecteur ne se tourne pas naturellement, surtout quant ils émanent de petites maisons attachées à la qualité (du livre et de l'objet-livre). Cependant, Fuck America n'est pas évident à conseiller.
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