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SERENDIPITY

Love for sale* : sur Amours de Leonor de Recondo - une lecture critique de Pierre

10 Février 2015, 13:45pm

Publié par Seren Dipity

1908, à Saint Ferreux sur Cher. Céleste est une modeste employée dans la maison de  Boisvaillant. Son patron use de son droit de cuissage régulièrement sur elle, bien que marié  à Victoire. Ce qui doit arriver arrive, Céleste tombe enceinte et le couple Victoire et  Anselme de Boisvaillant décide de garder l’enfant,  eux-mêmes, ne pouvant pas en avoir. Mais Victoire n’a pas vraiment la fibre maternelle. Céleste retrouve le soir son enfant délaissé mais aussi par contrecoup sa maîtresse, Victoire. Entre amours charnels, entre ces deux femmes, et l’amour maternelle que Céleste a pour son fils, né batard et seul héritier de la famille, mais reconnu par le couple bourgeois, une sulfureuse relation s’installe. Dans cette ambiance feutrée les tabous sautent un à un et l’on découvre la face cachée de cette famille si parfaite en apparence.

Extraits :   

« Pierre observe Victoire. Il réalise que cette femme si élégante qui, d'une certaine manière régit leurs vies, est à la merci des mains de sa femme. Comme une enfant, chaque matin, elle a besoin d'elle pour se vêtir. Leurs existences à tous sont finalement étrangement imbriquées, c'est ce qu'il comprend tandis qu'elle jette un deuxième corset dans un grand éclat de rire. Ils sont tous dépendants les uns des autres, chacun à sa manière, liés aux us et coutumes, liés à leur rang social. »

« Ni Anselme, ni Céleste  n’entendent les plainte  du lit qui supporte l’amour forcé. »

« L'amour est là, où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque là les contraignaient, et qui, maintenant leur offre un écrin. Point de velours cramoisi, point d'alcôve confortable, mais un lit de fer et une couverture de laine qui leur gratte la peau. L'éblouissement à portée de doigts et de langues. »

Les personnages:                            

Anselme de Boisvaillant, notaire

Victoire, la femme  d’Anselme qui découvre sa sexualité dans les bras de Céleste.

Céleste, jeune provinciale qui se bat pour survivre.

Huguette, femme de ménage  avec son mari Pierre revenu sourd de la guerre.

Et aussi :     

 A lire bien sûr :

A mon humble avis :                        

Après son merveilleux roman Pietra Viva, j’attendais ave impatience le nouveau Léonor de Récondo. Eh bien, je ne suis pas déçu. Elle confirme son talent, avec une maîtrise du mot juste et délicat;  elle nous fait vibrer. Roman sur une certaine bourgeoisie de province. Loin des clichés, elle aborde avec délicatesse les tabous encore présents dans notre société. Homosexualité féminine, amour maternel, ou esclavage sexuel non identifié  mais pourtant bien existant encore dans un certain milieu. Tant de non-dits font de ce livre un roman qui donne à réfléchir sur notre société si  libre. Mais c’est surtout la pureté délicate de ces « Amours »  passionnés (amour maternel inconditionnel, amour saphique incontrôlable)  que l’on retiendra.  Encore un livre à lire de suite…

Signé Pierre

_________________

* Ah cette excellente reprise des Fine Young Cannibals... sur ce fameux album charité de reprises... ICI.

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